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Le monde des paiements retient son souffle. Dans deux jours SWIFT se prononcera à son tour sur le décalage éventuel de l’adoption de la norme ISO20022.

 

Dans le milieu feutré des Paiements, une ambiance particulière régnait ces derniers jours. Après le passage à l’Euro en 2002 puis la migration S€PA en 2012, les institutions financières européennes se préparaient à vivre ce 21 novembre le début de la troisième révolution des paiements : le passage à la norme ISO20022. Coup de théâtre ! Après des mois d’intense lobbying des banques commerciales, la BCE a finalement annoncé un report de quatre mois pour les flux en euros, au 20 Mars 2023. Qu’en sera-t-il des flux en devises étrangères ? SWIFT, le grand orchestrateur du paiement international a fait savoir qu’il annoncerait sa décision ce jeudi 27 octobre. D’ici là, la place retient son souffle…

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Une impression de déjà-vu…

La pandémie de COVID-19 et les difficultés rencontrées par le secteur financier avaient déjà conduit au report d’un an des deux initiatives : la consolidation des plateformes Target 2 et Target 2 – Securities menée par la BCE pour les paiements en euros d’une part et le début de la migration SWIFT pour les devises internationales d’autre part, toutes deux soumises à l’adoption de la nouvelle norme de paiement ISO20022. Cette décision commune avait été très bien accueillie par les institutions financières et permis d’éviter de multiples effets de bords car ces deux projets présentent de nombreuses adhérences. Un an plus tard, un nouveau décalage fut acté pour la consolidation T2T2S. La principale raison avancée : la nouvelle plateforme s’est régulièrement montrée instable ces derniers mois et les banques européennes n’ont pas pu réaliser leurs tests de préparation dans de bonnes conditions sur la partie euro. Est-ce une raison suffisante pour décaler également le lancement de la migration des flux extra-européen ? Qu’en décidera SWIFT ?   

Et donc : bonne ou mauvaise nouvelle ?

À la suite du décalage de Target 2, les institutions financières devront dans tous les cas faire face à plusieurs difficultés qui diffèreront selon la décision de SWIFT.

En effet, dans le cas d’un alignement des dates au 20 mars 2023, elles devront maintenir leurs équipes opérationnelles en place et motivées malgré ce faux départ. Il faudra gérer les adhérences et potentiellement arbitrer des budgets au détriment de projets prévus pour 2023. Dans l’autre cas, celui d’un maintien de la date initiale de SWIFT au 21 novembre 2022, la difficulté principale sera de gérer techniquement la désynchronisation entre deux programmes intimement liés. Les flux échangés seraient alors à la fois dans l’ancien format défini par la norme ISO15022 (format MT) pour ceux en euros transitant via Target 2 et possiblement au nouveau format ISO20022 (MX) pour les paiements en devises. Une telle désynchronisation est-elle seulement possible pour tous les acteurs à seulement un mois de la date limite ? La question tient davantage de la rhétorique…

Ainsi, à l’image de marathoniennes voyant d’un coup la ligne d’arrivée se dérober sous leurs pieds, les institutions financières, qui ont entamé d’importants et coûteux travaux (en dizaines, voire centaines de millions d’euros pour les plus importantes) doivent préparer ces différents scénarii.

En conclusion, si certaines banques gagneront du temps pour finaliser correctement leurs derniers développements et tests nécessaires, d’autres – déjà prêtes - auraient volontiers arrêté la course ici. Méfions-nous également de notre tropisme européen. Les banques européennes peuvent raisonnablement espérer un report de SWIFT puisque leurs consœurs internationales n’en sont qu’au début de leur programme de migration (et que contrairement aux banques européennes, elles ont jusqu’à novembre 2025 pour terminer leurs travaux), n’en demeure pas moins que le décalage de Target 2 reste une problématique… européenne !

Et vous qu’en pensez-vous ? Pile ou Face ?
La suite dans 48 heures…

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Louis de V., Partner | Banking & Insurance

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Antoine D., Manager | Banking & Insurance